Dr Cynthia Gabbay
Période: Novembre, 2022 jusqu'à Décembre, 2023
LE STUDIUM Guest Research Fellow
Établissement d'origine
Université d'Humboldt, Centre Marc Bloch - DE
Laboratoire d'accueil
Hôte scientifique
Dr Brigitte Natanson
PROJET
La traduction après la Shoah: Vers une Récupération Epistémique de l'Archive Poétique Juive
Les traductions françaises, espagnole et judéo-espagnole de la lamentation yiddish Dos lid funem oisgehargetn Yidishn folk (1943-4), écrite par l'auteur juif polonais Ytsjok Katzenelson, résonnent tel qu’un écho du soulèvement du ghetto de Varsovie (Katzenelson, 1943). Elles apparurent entre 1970 et 2008 dans l’ordre suivant : Le Chant du peuple juif massacré, de Myriam Novitch et Suzanne Der en 1970 (France), El canto del pueblo judío asesinado, d’Eliahu Toker en 1993 (Argentine), Le Chant du peuple juif assassiné, de Batia Baum en 2005 (France) et El kante del puevlo djidyó atemado, d'Arnau Pons (Espagne) en 2008. Ces traductions en langues romanes resignifièrent le domaine, déjà vibrant, de la traduction juive qui avait auparavant transmis la poésie de témoignage de Katzenelson en plusieurs langues. Ce vaste phénomène construit un consensus sur cette série de quinze poèmes, l’identifiant comme un chef-d'œuvre unique, écrit dans l'antichambre de la mort.
Le projet présenté ci-dessous, encadré dans le champ interdisciplinaire des études de la traduction (Steiner, 2013; Toury, 1995; Venuti, 1995; Wolf et Fukari, 2007), vise à poursuivre un examen comparatif de ces quatre textes. L'étude propose de se concentrer sur les formes poétiques de ces traductions ainsi que sur leur langage et de développer une perspective culturelle consacrée à l'analyse de l’exhumation, symbolique aussi bien que physique, de la voix juive et sa réincorporation dans les archives juives polyglottes contemporaines. La recherche explorera les relations interculturelles et inter-historiques que ces traductions produisent, en particulier dans le cas de la traduction judéo-espagnole et le rôle qu'elle joue – paradoxalement – lors de la traduction d'une langue juive en danger (le yiddish) à une langue aussi en danger d’extinction (le judéo-espagnol). Ces traductions seront considérées comme des actions qui favorisent la récupération épistémique de l'archive poétique juive inhumée pendant la Shoah.
Publications
Final reports
This project pursued a comparative examination of the Judeo-Spanish, French and Spanish translations of the lament Dos lid funem oysgehargetn Yidishn folk, written in the antechamber of Auschwitz by the Polish poet Yitzhak Katzenelson (1886-1944).
The study focused on the poetic forms and language of these translations, and offered a sociocultural perspective devoted to analyzing their role in the unearthing, symbolic as well as physical, of the Jewish voice and its reincorporation into the contemporary polyglot Jewish poetic archive. The research explored the intercultural and inter-historical relations that these translations produce, especially in the case of the Judeo-Spanish one and the glottopolitical role it plays when translating between endangered Jewish languages (Yiddish and Judeo-Spanish).
New knowledge was produced on the definition and practice of Jewish translation, its material culture and cultural transmission at the turn of the 20th century and the first decades of the 21st century. Also, light was shed on the epistemic recovery of the Jewish poetic archive through contemporary performances of memory making. In conclusion, this research proposed to recognize Jewish translation within the genre of postmemory.